Manifestations cliniques du syndrome de cushing équin

Imaginez un cheval vieillissant paisiblement dans un pré, mais dont le pelage ne semble jamais se décider à muer. Les poils d’hiver persistent, défiant les chaleurs estivales et rendant la gestion du cheval plus complexe. Ce n’est qu’un des nombreux signes qui pourraient indiquer un problème sous-jacent : le syndrome de Cushing équin, plus précisément connu sous le nom de dysfonctionnement de la pars intermedia de l’hypophyse (PPID). Cette pathologie, touchant principalement les chevaux âgés, mérite une attention particulière des propriétaires de chevaux, des cavaliers, et des professionnels de la santé équine.

Le PPID n’est pas simplement une question de poils longs et désordonnés, c’est un problème de santé équine important. Il s’agit d’un dérèglement hormonal complexe qui peut affecter de nombreux aspects de la santé et du bien-être d’un cheval, impactant significativement son espérance de vie. La reconnaissance précoce des signes cliniques est essentielle pour mettre en place une prise en charge adaptée, incluant des traitements et une gestion appropriée, et améliorer significativement la qualité de vie de l’animal. Environ 15 à 30 % des chevaux de plus de 15 ans sont touchés par le PPID, soulignant l’importance de la vigilance. L’espérance de vie d’un cheval atteint de PPID peut être réduite de 2 à 5 ans sans prise en charge.

Symptômes caractéristiques du syndrome de cushing équin: hirsutisme et fourbure

Deux symptômes se distinguent particulièrement dans le tableau clinique du PPID chez le cheval : l’hirsutisme, un pelage anormalement long et persistant, et la fourbure, une affection douloureuse des pieds. Ces deux manifestations, bien que classiques dans le contexte du syndrome de Cushing équin, ne sont pas toujours présentes simultanément, et leur intensité peut varier considérablement d’un cheval à l’autre. Comprendre ces variations et les facteurs qui les influencent est crucial pour un diagnostic précis et une prise en charge individualisée des chevaux affectés par le PPID. Le coût annuel moyen de la gestion d’un cheval atteint de PPID, incluant les médicaments et les soins spécifiques, peut atteindre 500 à 1500 euros.

Hirsutisme (pelage anormal) : symptôme clé du PPID

L’hirsutisme, un des principaux symptômes du PPID, se caractérise par une croissance excessive des poils, un phénomène qui devient particulièrement évident lorsque le cheval ne mue pas correctement au printemps. Le pelage reste épais et hirsute, même pendant les mois chauds, ce qui peut entraîner une gêne pour l’animal et augmenter le risque de coup de chaleur. La distribution des poils anormaux peut varier, allant de zones локализоваées à une couverture complète du corps. Un cheval atteint d’hirsutisme a souvent un aspect négligé, même s’il est correctement entretenu. La longueur des poils peut dépasser 10 cm, même en été.

Il est important de distinguer l’hirsutisme du pelage d’hiver normal chez le cheval. Un cheval en bonne santé mue généralement au printemps, laissant place à un pelage plus court et plus léger. Dans le cas de l’hirsutisme, la mue est retardée, incomplète, voire absente, malgré les températures estivales. La distribution des poils peut également être un indice : l’hirsutisme tend à affecter l’ensemble du corps du cheval, tandis que le pelage d’hiver normal est plus uniforme. L’observation attentive du pelage du cheval est donc primordiale.

Le diagnostic différentiel doit également exclure d’autres problèmes de peau qui peuvent causer un pelage anormal chez le cheval, tels que les infections fongiques ou parasitaires. Cependant, dans ces cas, d’autres signes cliniques sont généralement présents, comme des démangeaisons, des lésions cutanées ou des pertes de poils localisées. Un examen attentif du pelage et de l’état général du cheval est essentiel pour établir un diagnostic précis d’hirsutisme lié au PPID. Les changements peuvent s’installer progressivement sur 6 à 12 mois, rendant la surveillance régulière du pelage du cheval cruciale. En moyenne, un cheval atteint de PPID met 3 à 6 semaines de plus à muer qu’un cheval sain.

Voici un exemple de tableau comparatif pour mieux différencier les types de pelage et identifier l’hirsutisme lié au PPID :

Caractéristique Pelage Normal Pelage d’Hiver Hirsutisme (PPID)
Longueur des poils Courts et lisses Longs et épais Très longs et épais (souvent >5cm en été)
Période Printemps/Été Automne/Hiver Toute l’année
Mue Complète au printemps Complète au printemps Retardée ou absente
Distribution Uniforme Uniforme Peut être généralisée ou localisée

Fourbure (laminitis) et syndrome de cushing équin : une association dangereuse

La fourbure, ou laminitis, est une inflammation douloureuse des lames sensibles à l’intérieur du sabot du cheval. Elle peut avoir de nombreuses causes, allant de la surcharge pondérale à des problèmes métaboliques, mais elle est particulièrement préoccupante chez les chevaux atteints de PPID en raison de la résistance à l’insuline qui accompagne souvent la maladie. Cette résistance à l’insuline perturbe le métabolisme du glucose et peut entraîner des dommages aux tissus des pieds, augmentant considérablement le risque de fourbure. La fourbure associée au PPID est souvent plus sévère et plus difficile à gérer que la fourbure d’autres origines. Un épisode de fourbure peut coûter entre 500 et 5000 euros, selon la gravité.

Les signes de fourbure chez le cheval peuvent varier en intensité, allant d’une légère sensibilité des pieds à une boiterie sévère. Les chevaux atteints de fourbure peuvent présenter une posture caractéristique, dite « clôturée », où ils se tiennent avec les pieds antérieurs avancés pour soulager la douleur. D’autres signes peuvent inclure de la chaleur au niveau des pieds, une augmentation du pouls digital (pouls perçu au niveau des artères des pieds) et une réticence à se déplacer. La fourbure est une urgence médicale et nécessite une intervention vétérinaire rapide et un suivi rigoureux par un maréchal-ferrant compétent. Un diagnostic précoce et une prise en charge rapide peuvent améliorer significativement le pronostic. Les chevaux atteints de PPID ont un risque de fourbure 5 à 10 fois plus élevé que les chevaux sains.

La prévention de la fourbure est essentielle chez les chevaux atteints de PPID. Une gestion rigoureuse de l’alimentation, en limitant l’apport de sucres et d’amidon, est primordiale. Il est recommandé de privilégier un foin pauvre en sucres solubles (ESC) et en amidon (amidon), idéalement avec une teneur inférieure à 10%. L’exercice régulier, s’il est possible et adapté à l’état du cheval, peut également aider à améliorer la sensibilité à l’insuline. Un parage régulier des pieds par un maréchal-ferrant compétent est également crucial pour maintenir l’équilibre et la santé des pieds et prévenir les complications. Un surpoids de seulement 50 kg peut augmenter considérablement le risque de fourbure chez un cheval PPID. L’utilisation de protections spécifiques pour les pieds peut également être bénéfique.

Plusieurs facteurs de risque peuvent aggraver la fourbure chez les chevaux atteints de PPID, rendant la gestion de ces facteurs particulièrement importante :

  • Obésité: L’excès de poids augmente considérablement la résistance à l’insuline, aggravant le risque de fourbure.
  • Régime riche en sucres: Les aliments riches en sucres et en amidon (céréales, herbe de printemps) peuvent provoquer des pics d’insuline, favorisant la fourbure. Il est crucial de surveiller attentivement la composition de l’alimentation du cheval.
  • Stress: Le stress physique ou émotionnel peut également augmenter le risque de fourbure en perturbant l’équilibre hormonal.
  • Médicaments: Certains médicaments, comme les corticostéroïdes, peuvent augmenter la résistance à l’insuline et doivent être utilisés avec prudence chez les chevaux atteints de PPID.
  • Infections: Les infections, même mineures, peuvent déclencher une fourbure chez un cheval prédisposé.

Autres manifestations cliniques importantes du syndrome de cushing équin (PPID)

Outre l’hirsutisme et la fourbure, le PPID peut se manifester par une variété d’autres signes cliniques chez le cheval, souvent moins évidents, mais tout aussi importants à reconnaître pour une prise en charge efficace. Ces manifestations peuvent affecter différents systèmes de l’organisme du cheval et contribuer à une détérioration progressive de sa santé. Il est essentiel de considérer ces signes dans leur ensemble pour établir un diagnostic précis du syndrome de Cushing équin et mettre en place une prise en charge globale et individualisée. Il existe environ sept autres manifestations cliniques significatives liées au PPID, chacune nécessitant une attention particulière.

Troubles métaboliques associés au syndrome de cushing équin

Le PPID est étroitement lié à des troubles métaboliques chez le cheval, en particulier la résistance à l’insuline. Cette condition se caractérise par une diminution de la sensibilité des cellules à l’insuline, l’hormone responsable de la régulation du glucose dans le sang. En conséquence, le pancréas produit davantage d’insuline pour maintenir un taux de glucose normal, ce qui peut à terme entraîner une hyperglycémie (taux de glucose élevé dans le sang). La résistance à l’insuline est un facteur de risque majeur de fourbure chez les chevaux atteints de PPID, comme mentionné précédemment. La surveillance régulière du taux de glucose dans le sang est donc recommandée.

Un autre trouble métabolique associé au PPID est la lipémie, une mobilisation excessive des graisses dans le sang. Cette condition peut se produire lorsque le cheval est soumis à un stress, à une maladie ou à une restriction alimentaire. La lipémie peut entraîner des complications graves, telles qu’une insuffisance hépatique ou rénale. Les chevaux atteints de PPID sont plus susceptibles de développer une lipémie en raison de leur métabolisme perturbé et de leur sensibilité accrue au stress. La lipémie est une urgence médicale qui nécessite une intervention vétérinaire rapide. Les chevaux atteints de PPID ont un risque de lipémie 3 à 4 fois plus élevé.

La résistance à l’insuline, l’hyperglycémie et la lipémie forment un cycle vicieux qui peut aggraver les symptômes du PPID et augmenter le risque de complications chez le cheval. Il est donc crucial de surveiller attentivement le métabolisme des chevaux atteints de PPID et de mettre en place une gestion nutritionnelle adaptée pour prévenir ces troubles. Cette gestion nutritionnelle peut inclure un régime faible en glucides non structuraux (NSC), un apport adéquat en fibres et, dans certains cas, des compléments alimentaires spécifiques. Le taux d’insuline peut augmenter de 20 à 50% chez un cheval atteint de PPID, soulignant l’importance d’une surveillance régulière.

Voici un schéma simplifié du cycle vicieux des troubles métaboliques liés au PPID :

[Insérer ici un schéma explicatif simplifié montrant le cycle vicieux de la résistance à l’insuline -> hyperglycémie -> fourbure -> stress -> lipémie -> aggravation du PPID.]

Susceptibilité accrue aux infections et syndrome de cushing équin

Le PPID affecte le système immunitaire du cheval, rendant les chevaux plus vulnérables aux infections. Le dysfonctionnement de l’hypophyse perturbe la production de certaines hormones, ce qui peut entraîner une diminution de la fonction des cellules immunitaires, compromettant ainsi la capacité du cheval à se défendre contre les agents pathogènes. Les chevaux atteints de PPID sont donc plus susceptibles de développer des infections fréquentes et persistantes, nécessitant des traitements antibiotiques plus fréquents et potentiellement plus longs.

Les infections les plus courantes chez les chevaux atteints de PPID incluent les abcès de sabots, les infections respiratoires (sinusite, pneumonie) et les infections cutanées. Les plaies peuvent également mettre plus de temps à guérir en raison de la déficience du système immunitaire, augmentant le risque de complications. La surveillance attentive des signes d’infection est donc essentielle chez ces chevaux, permettant une intervention rapide et un traitement approprié. La probabilité d’infection augmente d’environ 30% chez un cheval avec PPID, soulignant l’importance de la prévention et de la surveillance. Le coût des traitements antibiotiques peut augmenter de 20 à 40% chez les chevaux atteints de PPID.

Voici une liste de contrôle pour aider les propriétaires à identifier les signes d’infection chez un cheval atteint de PPID et à agir rapidement :

  • Fièvre (température supérieure à 38,5°C).
  • Jetage nasal (écoulement nasal, purulent ou non).
  • Toux (sèche ou productive).
  • Gonflement ou chaleur au niveau des membres.
  • Présence d’abcès ou de plaies qui ne guérissent pas (plus de 2 semaines).
  • Perte d’appétit (diminution de plus de 25% de la ration habituelle).
  • Léthargie (manque d’énergie, apathie).
  • Augmentation de la fréquence respiratoire (supérieure à 12 respirations par minute au repos).
  • Ganglions lymphatiques enflés.

Polyurie/polydipsie (PU/PD) et syndrome de cushing équin: une soif excessive

La polyurie/polydipsie (PU/PD) se caractérise par une augmentation de la production d’urine (polyurie) et de la consommation d’eau (polydipsie). Ce symptôme est fréquent chez les chevaux atteints de PPID et est dû à un dysfonctionnement de la régulation de l’eau par l’organisme. L’hypophyse produit une hormone appelée hormone antidiurétique (ADH), qui contrôle la quantité d’eau réabsorbée par les reins. Chez les chevaux atteints de PPID, la production d’ADH peut être perturbée, ce qui entraîne une augmentation de la production d’urine. Un cheval PPID peut boire jusqu’à 50% de plus d’eau qu’un cheval sain, nécessitant une surveillance accrue de l’hydratation. En moyenne, un cheval atteint de PPID urine 15 à 20 litres par jour, contre 5 à 10 litres pour un cheval sain.

La PU/PD peut avoir un impact significatif sur la gestion des chevaux atteints de PPID. Ils ont besoin d’un accès constant à de l’eau fraîche et propre pour éviter la déshydratation, surtout pendant les périodes chaudes. Il est également important de surveiller la quantité d’urine produite pour détecter tout changement qui pourrait indiquer une aggravation de la maladie ou un problème rénal sous-jacent. En moyenne, un cheval boit entre 20 et 40 litres d’eau par jour, mais cette quantité peut augmenter considérablement chez un cheval atteint de PPID. La surveillance de la litière peut également donner une indication de l’augmentation de la production d’urine.

Voici quelques méthodes simples pour évaluer la quantité d’eau bue par un cheval atteint de PPID et détecter une éventuelle PU/PD :

  • Marquer les seaux d’eau avec des repères pour mesurer précisément la quantité d’eau consommée chaque jour.
  • Installer un compteur d’eau sur l’arrivée d’eau de l’écurie pour suivre la consommation d’eau globale.
  • Observer attentivement la fréquence à laquelle le cheval urine et la quantité d’urine produite à chaque fois.
  • Peser la litière (avant et après utilisation) pour estimer la quantité d’urine absorbée.

Léthargie et diminution des performances chez les chevaux atteints de PPID

La léthargie, ou fatigue chronique, est un symptôme fréquent chez les chevaux atteints de PPID. Le dysfonctionnement hormonal affecte les niveaux d’énergie et peut entraîner une perte d’entrain et une diminution de l’intérêt pour l’activité physique. Les chevaux atteints de PPID peuvent également avoir du mal à maintenir leur niveau de performance habituel au travail, ce qui peut affecter leur capacité à participer à des compétitions ou à effectuer des tâches quotidiennes. Ce phénomène affecte significativement la qualité de vie du cheval et peut rendre l’entraînement plus difficile, nécessitant une adaptation des programmes d’entraînement.

La léthargie peut être difficile à quantifier objectivement, mais elle se manifeste souvent par un manque d’enthousiasme, une plus grande fatigabilité et une diminution de la réactivité aux sollicitations. Il est important de distinguer la léthargie liée au PPID de la fatigue normale après un effort physique intense. Un cheval qui met plus de temps à récupérer après l’exercice ou qui refuse de travailler ou de coopérer peut être atteint de léthargie liée au PPID. La surveillance attentive du comportement du cheval et de sa réaction à l’exercice est cruciale.

Un cheval atteint de PPID peut voir ses performances diminuer de 10 à 20%, selon la sévérité de la maladie et le niveau d’activité physique requis. Cette diminution des performances peut se traduire par une difficulté à sauter, une perte de vitesse ou une diminution de l’endurance. Il est important d’adapter l’entraînement aux capacités du cheval et de ne pas le pousser au-delà de ses limites. Le temps de récupération après l’effort peut augmenter de 20 à 30% chez un cheval atteint de PPID.

Fonte musculaire et obésité régionale : signes paradoxaux du syndrome de cushing équin

La fonte musculaire et l’obésité régionale sont deux manifestations paradoxales du PPID chez le cheval. Les chevaux atteints de PPID peuvent perdre de la masse musculaire, en particulier au niveau de la ligne du dos (entraînant un dos ensellé) et des membres postérieurs, tout en accumulant de la graisse dans certaines régions du corps, notamment au niveau de l’encolure (crête de coq), au-dessus des yeux et au niveau de la région sus-orbitaire. La perte de masse musculaire peut entraîner une faiblesse et une diminution de la force physique, tandis que l’accumulation de graisse peut augmenter le risque de troubles métaboliques et de fourbure. Cette combinaison de fonte musculaire et d’obésité régionale rend la gestion du poids particulièrement difficile chez les chevaux atteints de PPID.

La localisation de la graisse est un indice important pour le diagnostic du PPID. La « crête de coq » est une accumulation de graisse au niveau de l’encolure qui est particulièrement caractéristique de la maladie. La graisse peut également s’accumuler au-dessus des yeux, donnant au cheval un regard « bouffi ». La perte de masse musculaire au niveau de la ligne du dos peut entraîner un affaissement de la colonne vertébrale. La masse musculaire peut diminuer jusqu’à 15% chez un cheval avec PPID, affectant sa force et sa mobilité. La mesure régulière du tour d’encolure peut aider à suivre l’évolution de la crête de coq.

[Insérer ici un guide visuel illustrant la localisation typique de la fonte musculaire et de la graisse localisée chez les chevaux PPID. Ce guide visuel pourrait inclure des photos avant et après, ainsi que des schémas anatomiques.]

Troubles de la reproduction (chez les juments) et syndrome de cushing équin

Le PPID peut affecter la reproduction chez les juments. Les anomalies du cycle oestral, telles que les irrégularités ou l’absence de chaleurs (anoestrus), sont fréquentes chez les juments atteintes de PPID. La fertilité peut également être diminuée, rendant la conception plus difficile. Les mécanismes exacts par lesquels le PPID affecte la reproduction ne sont pas entièrement compris, mais ils sont probablement liés aux perturbations hormonales causées par le dysfonctionnement de l’hypophyse et à la résistance à l’insuline. Ces perturbations peuvent affecter la qualité des ovocytes et la capacité de l’utérus à maintenir une gestation.

Il est important de souligner l’importance de l’évaluation du PPID chez les juments présentant des troubles de la reproduction. Le PPID est souvent négligé comme cause potentielle de ces troubles, ce qui peut retarder le diagnostic et le traitement approprié. Une jument atteinte de PPID a environ 25% de chances de moins de concevoir qu’une jument saine, soulignant l’importance d’un diagnostic précoce. La surveillance régulière du cycle oestral et de la fertilité est donc cruciale chez les juments âgées.

Autres signes (moins fréquents) du syndrome de cushing équin

D’autres signes cliniques, moins fréquents, peuvent également être associés au PPID, ajoutant à la complexité du diagnostic. Ces signes peuvent inclure :

  • Sudation excessive ou diminuée (dyshidrose), affectant la thermorégulation du cheval.
  • Retard de la pousse du sabot, rendant le parage plus difficile.
  • Comportement anormal (ex: apathie, agressivité), affectant la relation entre le cheval et son propriétaire.
  • Cécité (rare), due à la compression du nerf optique par la glande pituitaire hypertrophiée.
  • Infections parasitaires plus fréquentes et plus sévères (ex: strongyloses), en raison de l’affaiblissement du système immunitaire.

Diagnostic : comment confirmer le PPID chez le cheval

Le diagnostic du PPID repose sur une combinaison de signes cliniques et de tests diagnostiques. La présence de signes cliniques évocateurs, tels que l’hirsutisme, la fourbure ou la PU/PD, doit alerter le vétérinaire et inciter à des investigations complémentaires. Cependant, il est important de noter que tous les chevaux atteints de PPID ne présentent pas tous les signes cliniques, et que certains signes peuvent être subtils et facilement attribués au vieillissement normal. La confirmation du diagnostic nécessite donc des tests diagnostiques spécifiques pour évaluer la fonction de l’hypophyse.

Plusieurs tests diagnostiques sont disponibles pour confirmer le PPID chez le cheval, chacun ayant ses avantages et ses limites :

  • ACTH plasmatique : Ce test mesure le taux d’ACTH (hormone adrénocorticotrope) dans le sang. Un taux élevé d’ACTH peut indiquer un PPID. Cependant, il est important de tenir compte des variations saisonnières du taux d’ACTH, qui peut être plus élevé en automne et au début de l’hiver. Le taux d’ACTH augmente de 2 à 5 fois chez un cheval atteint de PPID, mais ce test peut donner des faux négatifs en début de maladie. Le coût de ce test varie entre 50 et 100 euros.
  • Test de suppression à la dexaméthasone (DST) : Ce test consiste à injecter de la dexaméthasone (un corticostéroïde) et à mesurer le taux de cortisol (une autre hormone) dans le sang. Chez un cheval sain, la dexaméthasone supprime la production de cortisol. Chez un cheval atteint de PPID, la dexaméthasone ne supprime pas complètement la production de cortisol. Ce test est moins utilisé que le test ACTH en raison de sa complexité, de ses limites et du risque de déclencher une fourbure chez les chevaux prédisposés.
  • Test de stimulation au TRH : Ce test consiste à injecter du TRH (hormone thyréotrope) et à mesurer le taux d’ACTH dans le sang. Chez un cheval atteint de PPID, le TRH provoque une augmentation anormale du taux d’ACTH. Ce test est plus sensible que le test ACTH seul et peut être utile pour diagnostiquer les cas de PPID précoces ou en automne, lorsque le taux d’ACTH basal est naturellement élevé. Il est considéré comme le test le plus fiable pour le diagnostic du PPID.

[Insérer ici un algorithme décisionnel simplifié pour aider les propriétaires à déterminer quand consulter un vétérinaire pour un possible diagnostic de PPID. Cet algorithme pourrait inclure des questions sur les signes cliniques observés, l’âge du cheval et son historique médical.]

Gestion et traitement : améliorer la qualité de vie des chevaux atteints de syndrome de cushing équin

Bien que le PPID soit une maladie chronique et incurable, une gestion appropriée peut aider à contrôler les symptômes et à améliorer significativement la qualité de vie des chevaux atteints. Le traitement repose sur une combinaison de médicaments, de gestion nutritionnelle et de soins de l’environnement. L’objectif est de ralentir la progression de la maladie, de prévenir les complications (en particulier la fourbure) et d’assurer le confort et le bien-être du cheval tout au long de sa vie. Une approche individualisée est essentielle pour adapter le traitement aux besoins spécifiques de chaque cheval.

Le traitement médicamenteux de choix pour le PPID est le pergolide (Prascend®). Ce médicament agit en inhibant la production de dopamine, un neurotransmetteur qui est produit en excès chez les chevaux atteints de PPID. Le pergolide peut aider à réduire les symptômes tels que l’hirsutisme, la PU/PD et la léthargie, améliorant ainsi le confort et la qualité de vie du cheval. Cependant, il est important de surveiller attentivement les effets secondaires potentiels du pergolide, tels que la perte d’appétit, la diarrhée et la dépression. La dose de pergolide doit être ajustée en fonction de la réponse du cheval et des résultats des tests diagnostiques. Le coût du pergolide peut varier de 50 à 150 euros par mois, selon la dose et la taille du cheval. Un suivi vétérinaire régulier est nécessaire pour ajuster la dose et surveiller les effets secondaires.

La gestion nutritionnelle joue un rôle essentiel dans le contrôle du PPID. Un régime faible en sucres et en amidon est recommandé pour prévenir la résistance à l’insuline et la fourbure, deux complications majeures du PPID. Il est important d’éviter les aliments riches en glucides non structuraux (NSC), tels que les céréales, les aliments industriels enrichis en sucres et l’herbe de printemps (qui est particulièrement riche en fructanes). L’accès libre à du foin de bonne qualité, à faible teneur en sucres (idéalement moins de 10% de NSC), est préférable. Des compléments alimentaires, tels que des vitamines (en particulier la vitamine E), des minéraux (comme le magnésium et le chrome) et des antioxydants, peuvent également être bénéfiques pour soutenir le système immunitaire et la santé générale du cheval. La quantité de foin doit être d’environ 1,5 à 2% du poids corporel du cheval par jour, distribuée en plusieurs repas pour éviter les pics de glycémie. L’utilisation d’un filet à foin peut également ralentir la consommation et limiter l’ingestion excessive.

La gestion de l’environnement est également importante pour le bien-être des chevaux atteints de PPID. Un toilettage régulier et méticuleux peut aider à éliminer les poils morts et à prévenir les problèmes de peau, en particulier l’été pour les chevaux atteints d’hirsutisme. Une surveillance attentive de la fourbure est essentielle, et des mesures préventives, telles que le refroidissement des pieds en cas de risque (par exemple, après une période d’ingestion d’herbe de printemps), peuvent être mises en place. Des soins dentaires réguliers sont également importants pour maintenir une bonne hygiène buccale, car les chevaux atteints de PPID peuvent avoir des difficultés à mastiquer en raison de problèmes dentaires ou de faiblesse musculaire. L’aménagement d’un abri pour se protéger du soleil et des intempéries est également recommandé. Le coût des soins dentaires peut varier de 50 à 200 euros par an.

Le PPID ne doit plus être une fatalité pour votre cheval. Avec une gestion rigoureuse et une surveillance attentive, il est possible de lui offrir une vie confortable et épanouie, malgré cette affection chronique et d’améliorer significativement son bien-être.