Système digestif équin: particularités physiologiques importantes

Le système digestif du cheval est un système complexe et fascinant, crucial pour sa santé, ses performances et son bien-être général. Contrairement au système digestif bovin, il est monogastrique, présentant des particularités anatomiques et physiologiques uniques.

Anatomie du système digestif du cheval

Le système digestif équin, bien que monogastrique, est long et spécialisé pour extraire le maximum de nutriments à partir d'une alimentation principalement herbivore. Il comprend plusieurs compartiments fonctionnellement distincts, chacun contribuant au processus de digestion.

Cavité buccale et œsophage équin

La mastication chez le cheval est moins approfondie que chez les ruminants. Cependant, l'abondante production de salive (jusqu'à 10 litres par jour!), riche en bicarbonate, contribue à tamponner l'acidité des aliments et à amorcer la digestion. L'œsophage, un tube musculaire unidirectionnel, empêche la régurgitation, contrairement à ce qui est observé chez les ruminants. Cette absence de régurgitation souligne l'importance d'une alimentation équilibrée et régulière pour éviter les troubles digestifs.

Estomac équin

L'estomac du cheval est relativement petit, représentant seulement environ 10% de la capacité digestive totale. Son pH fortement acide (environ 1,5 à 2) est essentiel pour la digestion des protéines et l'inactivation des micro-organismes pathogènes. Cette forte acidité, cependant, rend l'estomac équin sensible aux ulcères gastriques. Contrairement à l'estomac de la vache, qui est l'un des quatre compartiments de son rumen, l'estomac du cheval ne possède pas de poches ni de compartiments multiples. Sa petite taille rend le cheval particulièrement sensible aux surcharges alimentaires et aux changements brusques dans son régime.

Intestin grêle équin: digestion et absorption

L'intestin grêle du cheval, d'une longueur d'environ 22 mètres chez un adulte, est le site principal de la digestion enzymatique et de l'absorption des nutriments. La digestion des protéines, des glucides et des lipides y est assurée par les enzymes pancréatiques et intestinales. Comparé au système digestif bovin, l'intestin grêle du cheval est proportionnellement plus court mais reste très efficace pour l’absorption des nutriments facilement digestibles.

Gros intestin équin: fermentation et absorption des fibres

Le gros intestin, comprenant le cæcum et le côlon, est le site de la fermentation microbienne des fibres. Le cæcum, un large sac de 30 à 40 litres de capacité, abrite une population microbienne dense qui dégrade les fibres végétales, produisant des acides gras volatils (AGV) – acétate, propionate et butyrate – essentiels pour l'énergie du cheval. Le côlon, divisé en côlon ventral droit, côlon ventral gauche, côlon dorsal gauche et côlon dorsal droit, continue le processus de fermentation et d'absorption. L'importance du gros intestin dans la digestion des fibres chez le cheval contraste fortement avec le rôle prépondérant du rumen chez la vache.

  • Le cæcum représente environ 25% de la capacité du tube digestif.
  • Le côlon représente environ 60% de la capacité totale du tube digestif.

Rectum et anus

Le rectum, la partie terminale du gros intestin, stocke les fèces avant leur expulsion via l'anus. La fréquence des défécations dépend de l'alimentation, de l'hydratation et de l'activité physique du cheval. Un cheval sain doit déféquer plusieurs fois par jour.

Physiologie de la digestion équine

La physiologie digestive du cheval est étroitement liée à son anatomie. Ses adaptations métaboliques permettent de tirer le meilleur parti d'une alimentation riche en fibres.

Digestion des glucides chez le cheval

Les glucides, sous forme d'amidon et de fibres, représentent la base de l'alimentation équine. L'amidon est principalement digéré dans l'intestin grêle, tandis que la fermentation des fibres dans le cæcum et le côlon produit des AGV, source d'énergie principale du cheval. Un cheval adulte peut consommer jusqu'à 15 kg de foin par jour, soulignant son adaptation à une alimentation riche en fibres. Cette stratégie digestive diffère notablement de celle de la vache, où la fermentation des glucides est principalement assurée dans le rumen.

Digestion des protéines chez le cheval

La digestion des protéines commence dans l'estomac grâce à l'action de la pepsine et de l'acide chlorhydrique. Elle se poursuit dans l'intestin grêle. Une partie des protéines échappe à la digestion dans les parties supérieures du tube digestif et est ensuite dégradée dans le gros intestin par la microflore. L'efficacité de cette digestion protéique est inférieure à celle des ruminants. Une ration alimentaire bien équilibrée est donc essentielle pour répondre aux besoins protéiques du cheval.

Digestion des lipides chez le cheval

Les lipides sont digérés et absorbés principalement dans l'intestin grêle. La lipase pancréatique joue un rôle majeur dans cette hydrolyse. Contrairement aux glucides et aux protéines, la participation de la microflore intestinale à la digestion des lipides est limitée chez le cheval.

Rôle crucial de la microflore intestinale

La microflore du cæcum et du côlon joue un rôle essentiel dans la digestion des fibres et la synthèse de vitamines, notamment la vitamine K et certaines vitamines B. L'équilibre de cette microflore est vital pour la santé digestive du cheval. Un déséquilibre, causé par exemple par des changements brusques d'alimentation, peut conduire à des troubles digestifs importants. La composition et la diversité de cette microflore diffèrent significativement de celle du rumen bovin.

  • La densité bactérienne du cæcum est estimée à plus de 10 11 cellules par gramme de contenu cæcal.
  • Plus de 500 espèces bactériennes différentes ont été identifiées dans le tractus digestif équin.

Régulation hormonale de la digestion équine

Des hormones telles que la gastrine, la sécrétine et la cholécystokinine régulent la sécrétion des sucs digestifs, la motilité gastro-intestinale et l'absorption des nutriments. Ces hormones contribuent à la coordination du processus digestif et à son adaptation aux besoins du cheval.

Particularités physiologiques et implications pratiques

La compréhension des particularités physiologiques du système digestif équin est essentielle pour assurer une bonne santé digestive et prévenir les problèmes courants.

La coprophagie chez les équidés

La coprophagie, consommation de ses propres fèces, est fréquente chez les jeunes poulains. Elle leur permet de récupérer des nutriments essentiels, notamment la vitamine B12, produits par la fermentation microbienne dans le gros intestin. Chez les chevaux adultes, la coprophagie peut indiquer une carence nutritionnelle ou un déséquilibre de la flore intestinale. Il est important de consulter un vétérinaire si ce comportement est observé.

Risques liés aux changements brusques d'alimentation

Des changements brusques d'alimentation peuvent perturber la flore intestinale et causer des troubles digestifs sévères, comme les coliques, qui peuvent mettre la vie du cheval en danger. Une transition alimentaire progressive et contrôlée est indispensable pour prévenir ces risques. L'introduction d'un nouveau fourrage ou aliment concentré doit se faire sur plusieurs jours ou semaines, en augmentant progressivement la quantité du nouvel aliment.

Importance vitale de l'hydratation pour le cheval

Une hydratation adéquate est fondamentale pour une bonne digestion et absorption des nutriments. Un cheval adulte doit boire 40 à 60 litres d'eau par jour. Une déshydratation peut entraîner de sérieux problèmes de santé, y compris des troubles digestifs et des coliques. L'accès à de l'eau fraîche et propre en permanence est primordial.

Impact de l'exercice sur le système digestif équin

L'exercice physique intense peut modifier la motilité gastro-intestinale et retarder la digestion. L'augmentation de la pression abdominale pendant l'exercice peut également augmenter le risque de coliques. Il est crucial d'adapter l'alimentation et l'intensité de l'exercice en fonction des besoins individuels du cheval.

En conclusion, la connaissance approfondie du système digestif équin est essentielle pour assurer la santé et le bien-être des chevaux. Une alimentation équilibrée, une transition alimentaire progressive et un accès constant à l'eau sont les piliers d'une bonne santé digestive.